Je partais en étant contente d'aller en maison de retraite. Je me disais que ça serait fait, ça ne me faisait ni chaud ni froid. Je suis rentrée dans ce monde et j'ai rencontré des personnes ne pouvant plus bouger, plus marcher, certaines errants dans les couloirs, d'autres dépressives, d'autres ... J'ai été étonnée du nombre de maladies psychiatrique et franchement j'y étais tout sauf préparée.
J'avais peur mais peur de faire des toilettes et
au final ça ne m'a posé aucun souci. Je pars du principe que je suis stagiaire
et que j'ai le droit de prendre du temps pour les résidents et ce temps je le prends.
Je parle et je fais parler les personnes que je prends en charge. Je prends le
temps d'être douce. Maintenant j'ai peur du jour ou je n'aurais plus ce luxe
mais pour l'instant j'en profite ! J'en profite quand ils me disent merci ou
quand ils me disent qu'ils m'aiment bien, j'avoue que j'aime bien quand ils me
demandent si demain je serais là et qu'ils sont déçu quand ce n'est pas le cas,
j'aime aussi quand ils parlent en bien dans mon dos en croyant que je ne les entends
pas, J'aime aussi blaguer avec eux ou faire des courses de fauteuil dans les
couloirs ! Tous les jours je viens a reculons à cause du stress et tous les
jours ils me donnent des moments de joie.
J'avoue qu'ils m'ont
déjà fait mal au cœur et je sais qu'il va falloir que j'apprenne à m'être de la
distance, mais, comment ne pas être touchée par moment ? Comment ne pas être un
peu triste quand je quitte une dame qui voulait me raconter une dernière
histoire avant de dormir simplement parce qu'elle ne veut pas rester seule et
qu'elle a une personne pour l'écouter ? Comment ne pas être un peu touchée
quand je trouve ce monsieur dément assit sur son lit les larmes aux yeux ? Moi
je suis touchée par toutes ses personnes et j'essaie de les comprendre.
J'ai déjà eu envie de
parler de certaines choses que j'ai vu, ou de participer aux débats dans
l'équipe mais en tant que stagiaire je ne peux pas. Parfois c'est agaçant,
parce qu'on a beau n’être que stagiaire, n’être qu’ un "bébé" dans ce
monde on est pas totalement bête pour autant. Un jour j'ai posé une petite
question, je ne recommencerais pas. Pourtant n'est ce pas aussi de notre responsabilité d'avertir l'infirmière qu'elle a oublié le médicament de tel personne ? Ça arrive, ce n'est pas un jugement, juste un constat. Néanmoins quand je vois comment on me répond face à ça je me dis que j'ai plutôt intéret à la fermer. A côté de
ça je n'ai pas vraiment à me plaindre de l'équipe, je pense même que j'ai de la
chance. Je me dis, surement naïvement, que si un jour je suis diplômée
j’essaierais d'écouter un minimum les stagiaires, car l'air de rien on voit des
choses que les équipes ne voient plus (et c'est normal, parfois moi je découvre
des choses qui sont pourtant là depuis des années dans ma maison, mais avec
l'habitude on passe devant sans y faire attention). Je ne suis pas dans le
jugement de ces personnes, je sais qu'elles font ce qu'elles peuvent dans un
métier difficile mais parfois je me dis que du sang neuf les aideraient un
petit peu. J'ai d'ailleurs connu une aide soignante qui ne restait jamais plus
de 4 ans dans le même service pour éviter de rentrer dans cet engrenage.
Je pense que je vous parlerais plus en détails de certains soins, ou moment qui m'ont réchauffés le coeur mais je les garde pour plus tard !
(si un jour vous trouvez que vous avez une mauvaise santé, regardez les dossiers médicaux et chirurgicaux des octogénaires, c'est parfois à se demander si ils ne font pas un concours et après aller savoir si la douleur dans le petit orteil est du à l'opération X ou au médoc Y ou au coin du lit ! )
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